Foot : la télé anglaise bascule dans la guerre des prix

radmau

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26/5/08
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2de66.jpgBT casse les prix pour renforcer sa base d'abonnés haut débit. Et lancera début août trois chaînes dédiées.
BSkyB , la plate-forme de Murdoch, qui est leader in-contesté sur ce marché, est contraint d'abaisser ses tarifs.


Le paysage de la télévision payante britannique est à la veille d'une petite révolution. Début août, l'opérateur télécoms BT, qui a récemment acheté pour 1 milliard de livres de contenus sportifs, va lancer trois chaînes dédiées. Et il a décidé de casser les prix. Non seulement les pubs et autres clubs qui veulent les retransmettre auront accès à des tarifs avantageux, mais ces canaux seront offerts gratuitement aux abonnés BT à l'Internet haut débit. BSkyB, le bouquet détenu à 39 % par l'empire News Corp. de Rupert Murdoch, n'est sans doute pas près de lâcher sa place de leader dans la télévision payante outre-Manche, avec près de 11 millions d'abonnés payant plus de 500 livres par an en moyenne. Mais la menace est assez sérieuse pour qu'il ait d'ores et déjà annoncé des baisses de prix, avec notamment le haut débit temporairement gratuit pour ceux qui souscrivent à ses chaînes sportives.

Pertes ou investissement

Pour les observateurs du secteur, il ne fait guère de doute que l'opérateur de télécommunications historique, qui a notamment acheté 38 matchs en direct de la Premier League de football, du rugby et du tennis féminin, va perdre de l'argent sur ces chaînes. Toby Syfret, un spécialiste d'Enders Analysis, estime par exemple que leur coût va totaliser 450 millions de livres par an, ce qui conduira à une perte annuelle de 200 millions.

Mais la manoeuvre de BT est interprétée comme une tentative de consolider sa base de 6,7 millions d'abonnés à l'Internet haut débit, dont 1 million à l'Internet dit « super-rapide ». Celle-ci s'érode et les clients ont eu tendance à rejoindre les 4,7 millions d'abonnés « broadband » de BSkyB, qui s'est lancé sur ce segment en 2006. « BT veut que ses clients réfléchissent à deux fois avant de les quitter », explique Toby Syfret.

Interviewé par « Les Echos », Marc Watson, le patron des activités télévision de BT, ne dit pas le contraire. Il refuse de confirmer les estimations de pertes qui circulent pour ces chaînes. Mais, pour lui, l'important est de « considérer la rentabilité d'un client dans son ensemble, pas sur une catégorie de produits en particulier ». Selon lui, offrir des chaînes de sport aux abonnés haut débit est « une opportunité » pour faire venir des clients abonnés à la concurrence. Les offres groupées (téléphonie, Internet, télévision…) sont ce que recherchent actuellement les consommateurs. Or BT est en retard sur ce fameux « triple play » : il ne concerne que 10 % de ses clients, contre 40 % pour Sky et 65 % pour les câblo-opérateurs comme Virgin.


Pour Marc Watson, il ne faut pas sous-estimer les téléspectateurs intéressés par le sport mais qui ne sont pas prêts à s'offrir les onéreux contenus de BSkyB. « Quatre téléspectateurs sur cinq n'ont pas de contenus sport premium : ceux-là n'ont jamais été correctement visés par les opérateurs », estime-t-il. Il précise qu'il a « étudié les raisons de l'échec d'Orange en France » et qu'il faut que le contenu soit « brillant ». Tout en se félicitant d'avoir recruté pour ses chaînes l'équipe de la BBC qui commentait les JO de Londres.

A ce sujet, Toby Syfret est plus circonspect. « Autant l'initiative dans le sport de BT va affecter tous les fournisseurs d'accès au Web, autant elle ne va pas affecter la base d'abonnés à la télévision de BSkyB, car il est très improbable qu'il existe beaucoup de passionnés de sports prêts à souscrire à un service de second rang », souligne-t-il. Il est vrai que Sky a trois fois plus de matchs de la Premier League, à quoi s'ajoutent les Coupes d'Europe et quantité d'autres sports.


Cela n'empêche pas l'initiative de BT d'être une épine dans le pied de la plate-forme de Rupert Murdoch. Elle tombe au plus mauvais moment. Car, sur la télévision, le coeur de son service, l'activité ralentit. Les marchés ne s'y sont pas trompés. Le jour de l'annonce de BT sur la gratuité de ses chaînes pour les abonnés haut débit, le 9 mai, l'action BSkyB a plongé de 6 %. Et depuis mars, le cours de Bourse est en repli sensible.




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