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A lire l'interview ci jointe on pourrait le croire. Reste a Canal à comprendre que sa nouvelle politique commerciale entamée il y a six mois n'est vraiment pas de bonne augure pour son avenir (ni le notre)
Bertrand Méheut, PDG de Canal+, répond à l'offensive d'Orange, qui vient d'annoncer son intention de se lancer dans la diffusion de programmes de télévision par satellite . Entretien à l'express.
Comment interprétez-vous l’annonce du PDG de France Télécom, Didier Lombard, d’installer son offre de programmes sur satellite?
La partie de cache-cache est terminée ! Nous assistons indéniablement à l’émergence d’un nouvel acteur. Bien qu’il s’en défende, nous sommes obligés de constater qu’Orange prend position, de plain-pied, sur le marché de la télévision grand public, puisque son offre s’adressera, demain, à 98% des français. Je note au passage que tout cela a quelque chose de terriblement archaïque. La France sera le seul pays en Europe où les téléspectateurs vont se voir proposer deux offres concurrentes, via deux satellites distincts qui évoluent sur des positions orbitales différentes: Eutelsat pour Orange, Astra pour CanalSat. Ce qui supposera, demain, pour les téléspectateurs, une parabole orientée différemment, selon que l’on souhaitera regarder les programmes de l’un ou de l’autre. C’est une manière pour Orange de fermer à ses abonnés le choix d’un autre opérateur.
Avec l’arrivée d’Orange sur votre territoire, resurgit le spectre d’un duopole de la télévision payante en France, comme CanalSat-TPS. N’est-ce pas économiquement dangereux pour l’ensemble des acteurs?
Il est évident que le contexte est en train de changer. Heureusement, le groupe Canal+ est solidement installé. Reste que cette offensive pose de multiples questions. Habitués à la concurrence, nous ne restons pas les bras croisés. Nous serons non seulement vigilants sur les offres couplées qu’Orange sera tenté de proposer à ses abonnés, mais nous allons aussi nous battre afin que les activités télé soient clairement séparées de la téléphonie mobile et de l’Internet. Il ne serait pas normal que la rente exorbitante que tire cet opérateur de son activité de téléphonie (qui représente 90% de sa marge bénéficiaire) vienne servir de levier financier dans son nouveau métier de producteur et de diffuseur de contenus audiovisuels. Ne pas disjoindre ces deux activités serait fausser le jeu de la concurrence.
Vous réclamerez aussi que les règles qui vous sont imposées par le CSA, en matière de production, notamment, ou par vos accords avec les professionnels du cinéma soient appliquées à ce nouvel entrant?
Tout a fait. Et -cela va de soi- sur la base de l’ensemble des offres télé.
Le "parc" de téléspectateurs n’étant pas indéfiniment extensible, pensez-vous qu’il y ait de la place pour un nouvel opérateur, même si celui-ci dispose de très importants moyens?
Le paysage télévisuel français n’a pas atteint son seuil de saturation, loin s’en faut. Quant à savoir s’il y a la place pour un nouvel acteur, l’avenir nous le dira.
Peut-on imaginer un "Yalta" entre Canal+ et Orange? Voire un rapprochement entre ces deux groupes, à terme?
Nous n’en sommes vraiment pas là. Même si l’on peut tout imaginer.
@+ spyk
