Facebook nous rend-il encore plus bêtes que la télévision?

radmau

Ancien Staff
Inscrit
26/5/08
Messages
9 780
Des internautes qui se prennent en photo la tête enroulée dans du scotch, se lancent des défis d'alcool dangereux ou tombent dans le panneau de sites parodiques: voilà à quoi ressemble Facebook en 2014. Inquiétant?

selfie-scotch_4859443.png

Connaissez-vous les "sellotape selfies"? Cette nouvelle mode consiste à se photographier la tête enroulée dans du scotch avant d'inviter un ami à faire de même sur Facebook.


Facebook nous ramollit le cerveau. Adeptes du réseau social, rassurez-vous tout de suite: ce n'est pas la conclusion d'une énième étude américaine mais plutôt un discours de plus en plus répandu, par exemple dans les médias américains. Slate.com s'intéressait ainsi le 18 mars à nos contacts "tellement crédules" qui croient tout ce qu'ils voient passer sur leur fil d'actualité. Y compris la dernière grosse bêtise du Gorafi.
Tacler les internautes parce qu'ils sont un peu trop naïfs, se prennent en photo la tête enroulée dans du scotch ou se filment en train de boire, c'est facile. Reste que l'on peut s'interroger sur ce que devient Facebook, le site qui rapporte le plus de lecteurs aux sites d'informations américains -c'est dire son poids aujourd'hui. Voici ce qu'en pensent plusieurs observateurs.
Des internautes encore plus passifs que sur leur canapé?

"Facebook vous gave de ce qui ne vous questionne plus. On y trouve de moins en moins ce que l'on ne cherchait pas. La consommation d'information y est de plus en plus passive", observe Guilhem Fouetillou, co-fondateur de Linkfluence, une start-up spécialisée dans l'écoute et l'analyse des médias sociaux.
L'utilisateur est le dindon de la farce
L'algorithme du site a en effet évolué. Ces derniers mois, il s'est recentré sur nos "amis proches" et nos pages préférées. Résultat: des dizaines de contacts ont disparu de nos fils d'actualité.
Une pente glissante? Souvent accusée d'abrutir ses spectateurs, la télévision à au moins le mérite de "toujours laisser une possibilité de découverte", juge Guilhem Fouetillou. Alors que "Facebook montre à quel point on peut réduire l'usage et la possibilité de voir du nouveau. Si vous allez vers la facilité, vous allez rester dans une zone de confort avec quelques amis et quelques médias."
"C'est une mutation assez naturelle que le site portait en son germe dès le début", renchérit Jérémie Zimmermann de La Quadrature du Net. "Certains ont pensé que ces plateformes pouvaient donner le contrôle aux utilisateurs mais on ne peut pas leur faire confiance." Selon lui, le réseau verrouille autant nos usages qu'il garde la main sur nos données personnelles. "Là-dedans, l'utilisateur est le dindon de la farce".
"Les gens ont changé"

"Facebook a plutôt raison de faire ça", rétorque Flavien Chantrel du Blog du Modérateur, un site qui suit de près l'actualité des réseaux sociaux. "Trop d'infos arrivent sur le site, il faut bien trier. Si nos amis proches sont privilégiés, c'est pour inciter à réagir à leurs posts. Et ça marche!"
"On retrouve à l'échelle du réseau social des questionnements politiques", note Guilhem Fouetillou de Linkfluence. "Par exemple: 'Le Web est-il un espace d'homophilie, fait pour que des gens semblables restent entre eux, ou un lieu de diversité et d'échanges?'"
"Depuis un an, ce sont aussi les gens qui ont changé sur Facebook", ajoute Flavien Chantrel. "C'est un peu comme la téléréalité: les premières années, les candidats étaient plutôt naturels et plus le temps a passé, plus les codes ont été intégrés. D'une certaine manière, cela devient plus fade." Si les articles les plus viraux sont souvent les plus affligeants, c'est peut-être d'abord parce qu'il y a des internautes pour les partager.


source
 
Retour
Haut