L'Hadopi s'avoue dépassée par les nouveaux circuits de piratage

Staros

DZSatien V.I.P
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Dans une étude publiée le 22 janvier, la haute autorité reconnaît qu'elle est démunie face à la complexité croissante des réseaux de piratage.


La Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur internet (plus connue sous le nom d'Hadopi) a publié hier les résultats d'une étude sur l'écosystème des sites pirates. Réalisée entre janvier et juin 2018 par la société de conseil EY (Ernst & Young Advisory) avec l'aide de Médiamétrie sous la supervision de l’Hadopi et de la Direction générale des médias et des industries culturelles (DGMIC), cette étude visait à mettre à jour des travaux menés en 2012 sur la cartographie des sites pirates et, surtout, à analyser le modèle économique et les interactions entre les différents acteurs de ce véritable écosystème.

Et le constat est plutôt alarmant. Car, comme le souligne l'Hadopi, les circuits de piratage se sont considérablement complexifiés ces dernières années. En effet, si l'autorité a assez facilement pu mettre en place sa fameuse "riposte graduée" à l'époque où l'échange entre pairs était en vogue – le peer-to-peer – en envoyant des courriers de "recommandation" aux internautes pris la main dans le sac, elle reconnaît être démunie aujourd'hui pour lutter contre les nouvelles méthodes utilisées par les amateurs de contenus illicites, qu'il s'agisse de streaming, de téléchargement direct (direct download), de stream ripping, de débridage ou encore de l'utilisation de DNS alternatifs ou de l' IPTV (télévision diffusée via Internet).

L'étude met aussi en avant le rôle majeur joué par les multiples intermédiaires apparus sur la scène du piratage, qui facilitent notablement la circulation de fichiers piratés en garantissant un certain anonymat aux utilisateurs : les VPN, bien sûr, qui permettent de dissimuler l'adresse IP de l'internaute derrière une adresse située dans un pays où l'Hadopi ne peut pas intervenir, mais aussi les fameuses seedbox, qui servent de serveurs relais pour télécharger et stocker toutes sortes de fichiers, à distance et sur commande, sans impliquer directement l'ordinateur de l'utilisateur.

L'essor de l'IPTV détournée est également souligné. Il est facilité par l'apparition des boîtiers multimédias connectés de type Android TV box, qui permettent de recevoir gratuitement des milliers de chaînes de télévision du monde entier. De plus en plus prisées, car faciles à mettre en oeuvre, toutes ces techniques ont fait grimper les statistiques. En 2017, l'Hadopi avait noté une hausse de la "consommation" de contenus illicites, qui est passée de 20% à en 2016 à 27%. Actuellement, en France, près de la moitié des films et des séries dématérialisés seraient consommés de manière illicite selon ses estimations. Sans parler des contenus sportifs, récupérés sur des chaînes TV spécialisées, qui sont de plus en plus demandés.

Face à cette diversification de techniques, la mission de l'Hadopi est devenue d'autant plus délicate que la situation s'est complexifiée sur le plan économique, avec la multiplication des acteurs (plateformes d'hébergement de fichiers, éditeurs de VPN, services de DNS alternatifs et de seedbox, sites de référencement de liens, régies publicitaires, etc) et des interactions qui les lient, les principaux revenus provenant de la publicité et d'abonnements à des services spécialisés. L'autorité, qui avoue clairement son impuissance en conclusion de son étude, explique qu'il sera difficile de lutter contre ces nouveaux circuits sans moyens supplémentaires pour développer des solutions adaptées, les consommateurs de contenus illicites étant difficilement identifiables. En attendant que ses pouvoirs soient élargis, les pirates vont s'en donner à coeur joie...


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