Sport : les chaînes gratuites sur la touche

radmau

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26/5/08
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Enquête | Samedi, c'est Ligue des champions sur TF1. La dernière ? L'offre sportive à la télé est devenue payante et se limite au foot ou à la Formule 1. La loi de 2014 y changera-t-elle quelque chose ?
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« Et toi, tu le vois où, le match ? T'as un pote qui a Canal ? » Cette question, quelques millions d'amateurs de football l'ont posée le 2 avril dernier. Ce soir-là, le Paris Saint-Germain version qatarie rencontrait le prestigieux FC Barcelone en quart de finale de la Ligue des champions. Un match de gala dont seuls les abonnés de la chaîne cryptée ont pu profiter. Pour la première fois, la plus grande compétition de foot européen n'est plus diffusée que sur des chaînes payantes : Canal+ et la chaîne qatarie BeIn Sport – avant, c'était aussi sur TF1. Une tendance lourde du sport à la télé. Suivant la même trajectoire, les moteurs survitaminés des Formule 1 ne vrombissent désormais que sur la chaîne cryptée.

98 % de retransmissions payantes
Les raisons de l'exode ? Le coût des droits sportifs, devenu prohibitif pour les chaînes gratuites. Entre 2000 et 2010, ils ont plus que doublé en France, atteignant 1,13 milliard d'euros, tous sports confondus – enfin, surtout pour le football, le rugby et le tennis. L'arrivée de BeIn Sport, en 2012, a encore fait grimper les tarifs. « Dès qu'il y a concurrence, les prix s'envolent, relève Frédéric Bolotny, du Centre de droit et d'économie du sport, à l'université de Limoges. Aujourd'hui, on est à un sommet : BeIn Sport est en phase de recrutement d'abonnés, et Canal+, sur la défensive. » Face à l'inflation, TF1 a jeté l'éponge. Vingt ans que la Une diffusait la Coupe d'Europe et la F1. « Les matchs de Ligue des champions et les Grands Prix n'ont plus le caractère événementiel qu'ils avaient auparavant, estime le pdg de TF1, Nonce Paolini. Les audiences sont en baisse. C'était devenu un non-sens économique de conserver ces compétitions. » Si la chaîne n'a jamais gagné d'argent avec le sport, elle s'était efforcée jusque-là de ne pas trop en perdre. Elle appelait ça « soigner son image de leader ». L'arrivée de la TNT en 2005 et la crise économique l'ont depuis largement écornée. Résultat : le sport est en passe d'être priva tisé à la télé. Si le nombre de retransmissions a explosé sur nos écrans ces dernières années, elles sont à 98 % payantes ! « C'est inéluctable. Les chaînes en clair n'ont plus les moyens de rentabiliser les grands événements, estime Cyril Linette, le directeur des sports de Canal+. Bien sûr, on est conscient que tout le monde ne peut pas s'abonner. Mais je rappelle que l'argent que nous versons sert aussi à financer le sport ! » Comme les cafetiers équipés de grands écrans, Linette se frotte les mains : PSG/Barça a battu le record d'audience de la chaîne, avec plus de 3,7 millions de téléspectateurs.

Le législateur a décidé de protéger
une vingtaine d'événements avec
obligation de les diffuser en clair.

Sur TF1, le match en aurait attiré au moins le double. L'organisateur de la compétition, l'UEFA, a tranché : la rentabilité immédiate plutôt que la visibilité. Elle avait déjà fait tomber une première digue l'an passé lors de l'Euro en Pologne et en Ukraine, avec douze matchs (sur trente et un) visibles uniquement sur BeIn Sport. Pour l'édition 2016, qui aura lieu en France, ce sera pire : la grande majorité des rencontres sera payante ! La Coupe du monde, qui se déroulera l'an prochain dans La Mecque du football, le Brésil, prend le même chemin : TF1, qui détient les droits, veut en revendre une (bonne) partie. Le temps où l'Eurovision négociait au nom de toutes les chaînes européennes, dans un bel esprit mutualiste, est bien loin...

Sortir de la “télé-dépendance”
Face à cette marchandisation à outrance, les pouvoirs publics tentent de réagir. « Il faut arrêter l'hémorragie, lance Christine Kelly, au CSA. Personne n'est content, public, fédérations, ligues, chaînes gratuites... J'ai engagé une grande concertation avec tous les acteurs. On fera des propositions à la rentrée. » Pour limiter l'appétit des chaînes payantes, le législateur a déjà décidé il y a quelques années de protéger par décret une vingtaine d'événements : jeux Olympiques, matchs de l'équipe de France de foot, Tour de France, Tournoi des VI Nations, finale de la Ligue des champions (cette semaine sur TF1) ont obligation d'être diffusés en clair. Un dispositif qui n'évite pas les couacs : en 2006, la finale de l'Euro de handball entre la France et l'Espagne est restée sur Canal+, faute d'accord financier avec France Télévisions. « Il faut remettre à plat la liste des événements majeurs et l'élargir, déclare la ministre des Sports, Valérie Fourneyron. Et il faut mieux protéger l'exposition de nos équipes nationales. » Sa marge de manœuvre est ténue. Notamment pour faire bouger le sport-roi, le football, dont les télévisions sont les principaux bailleurs de fonds. « Inspirons-nous du modèle allemand, dont le championnat n'est financé qu'à hauteur de 30 % par les droits télé, poursuit la ministre. En France, c'est près du double. Il faut sortir de cette bulle spéculative, cette "télé-dépendance" qui rend le financement du sport fragile et aléatoire. Pour l'heure, l'augmentation des droits n'a servi qu'à augmenter les salaires des joueurs ! » Bon courage au tout neuf Conseil national du sport, qui, depuis le 6 avril, planche sur toutes ces questions pour nourrir la loi prévue en 2014. Si tout va bien, elle devrait booster la place du sport féminin à la télévision. Pas vraiment compliqué, tant il fait figure de parent pauvre : seulement 7 % des retransmissions ! Des chaînes de la TNT, comme D8, W9 ou France 4, ont déjà fait le pari du foot au féminin. Avec succès, puisque certains matchs ont dépassé le million de téléspectateurs...

Y'a pas que le foot dans le PAF
Le gouvernement entend bien s'appuyer sur France Télévisions, dernier refuge du sport gratuit à la télévision. Même si, lancé dans un vaste plan d'économies, le service public pourrait a contrario sacrifier certaines compétitions. Des menaces pèseraient ainsi sur Roland-Garros, dont le contrat arrive à échéance cette année. « Je ne sais pas qui fait courir cette rumeur, mais on fera le maximum pour conserver cet événement, s'agace Daniel Bilalian, le directeur des sports de France Télévisions. On doit économiser une dizaine de millions d'euros, qui porteront sur les frais de production et de fonctionnement. Pour l'heure, il n'est pas question d'abandonner la moindre compétition. » Le service public vient d'ailleurs de resigner le Tour de France jusqu'en 2020.

Pour certains « petits sports », France Télévisions ne peut plus grand-chose. Mais est-ce forcément nécessaire ? Les Championnats du monde de tennis de table ont été diffusés par la toute neuve L'Equipe 21, sur la TNT. Le volley, le basket ou le handball doivent prendre leur destin en main et diffusent certaines compétitions directement sur le Web. Des partenariats sont noués avec Dailymotion. Lors de sa dernière édition, le Vendée Globe a fait feu de tout bois : mise à disposition gratuite des images pour toutes les télés, vidéos sur Internet, applications sur les smartphones... L'ultime recette pour continuer d'exister ?*


Telerama.fr
 
petit à petit, on aura plus de sports dans les chaines gratuites, c'est la politique du pognon !!!!:ranting:
 
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