Thibaudeau (Directeur Canal Plus Maghreb):«Les Algériens verront plus de foot

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PUBLIE LE : 05-04-2009 dans le buteur

Thibaudeau (Directeur Canal Plus Maghreb) : «Les Algériens verront plus de foot que les Français»


«Si nous nous lançons en Algérie, c’est pour y rester longtemps»


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Les cartes d’abonnements légales de Canal+ à destination du marché algérien sont en vente. Les Algériens amateurs de football ont eu une bonne nouvelle il y a quelques jours : l’offre inclut les matches de la Ligue des champions, l’émission «Canal Football Club», qui fait le résumé hebdomadaire des matches de la Ligue 1, et le match phare de la Ligue 1 du dimanche soir. Cependant, ils attendent encore plus : les grands championnats européens que sont la Premier League anglaise, la Liga espagnole, la Serie A italienne et la Bundesliga allemande. Pour faire le point de la situation, Le Buteur est allé à la rencontre de Bruno Thibaudeau, directeur Maghreb à Canal Overseas, la filiale du groupe Canal+ en charge de l’international et de l’Outre-Mer français.
  • Pourquoi le choix de ce moment pour lancer l’offre de Canal+ Overseas en direction de l’Algérie ?
    Nous pensons que le moment est venu de développer une offre légale en direction de l’Algérie qui est, pour nous, le plus grand marché du Maghreb. C’est le bon moment pour une raison très simple : nous avons arrêté les images sur la plateforme satellitaire TPS à la fin de l’année 2008 et il fallait absolument répondre à une demande d’images par une offre légale de chaînes francophones avec notre produit Premium qui est Canal+. Dans un premier temps, nous sommes sur le marché algérien. Après, nous allons ouvrir le marché marocain, puis le marché tunisien.
  • Si on comprend bien, après la fusion entre Canal+ et TPS, vous avez en quelque sorte laissé faire pendant une période d’un an et demi, le temps que les abonnés de TPS passent sur la plate-forme de Canal+, puis vous avez tout bouclé…
    C’est à peu près cela. Lorsque Canal+ a racheté TPS, nous avons fusionné les plate-formes et, pour que les clients reçoivent les mêmes images, nous avons harmonisé les bouquets. Pour ce faire, nous avons migré, comme on dit dans notre métier, les abonnés de TPS sur la plateforme de Canal Satellite et c’est pour cela que nous avons éteint le signal de TPS. Puis, nous nous sommes dit que le marché maghrébin en général et le marché algérien en particulier sont très prometteurs, vu la grande culture du cinéma et du sport qui y est répandue, principalement celle concernant l’Europe et la Ligue 1 qui est un produit intéressant les Maghrébins au regard du grand nombre de joueurs de cette région qui y évoluent. Nous avons convenu qu’il fallait absolument développer un bouquet en direction du Maghreb. Cette offre a été mise sur pied et annoncée lors des deux conférences de presse tenues à Paris et en Algérie.
  • Avez-vous ressenti ce besoin d’images à partir de courrier reçu de téléspectateurs algériens ou tout simplement à travers un sondage informel effectué en Algérie?
    Nous savons depuis longtemps que Canal+ est apprécié des amoureux du football et du sport en général. Je ne vois pas donc comment les Algériens pourraient se passer de nos programmes. Les échos et le retour d’écoute que nous avons eus après la conférence de presse tenue à Alger nous réconfortent et consolident le sentiment que nous avions. La méthode pour développer ce marché est de travailler avec un réseau de partenaires algériens qui vont vendre Canal+ à travers le pays.
  • Apparemment, vous ne voulez pas commettre les mêmes erreurs d’il y a quelques années où la commercialisation des cartes d’ abonnement exclusivement dans les boutiques de Canal Horizons avaient restreint le champ des ventes…
    On peut toujours regarder ce qui s’est passé avant. En tout cas, nous considérons que la méthode de commercialisation que nous avons choisie en Algérie est certainement la meilleure puisqu’elle s’appuie sur des partenaires algériens pour vendre et défendre Canal+.
  • Quelle est la différence entre l’offre actuelle et celle d’il y a une quinzaine d’années de Canal Horizons, qui avait été un échec ?
    En fait, il existe plusieurs différences. Tout d’abord, le bouquet de Canal+ est composé de plus de 25 chaînes, tandis que dans le passé ce n’était qu’une seule chaîne ! Le mode de commercialisation est totalement différent car il se fait à travers des cartes prépayées. Quant à la diffusion, elle est désormais satellitaire grâce à notre partenariat avec Arabsat. En tous les cas, nous sommes au début d’une nouvelle histoire qui, à mes yeux, va durer. Canal+ est en Algérie pour longtemps. Nous considérons que l’Algérie est un grand marché, que les gens de ce pays aiment nos chaînes, et notre volonté est donc de créer un lien économique pérenne. Ce lien économique va nous permettre de rémunérer les ayants droit, à savoir les chaînes, lesquelles réinvestissent pour acheter des droits de manière légale pour l’Algérie. Cela va créer une boucle économique qui nous permettra d’acquérir les droits de programmes majeurs, que ce soit de cinéma ou de sport. Le marché va se développer, ce qui permettra ainsi de développer de plus en plus la qualité de notre offre.
  • Après la première conférence de presse annonçant le lancement de l’offre de Canal+, beaucoup d’Algériens avaient été déçus de l’absence des programmes sportifs phares de Canal Satellite. Il y a eu récemment une autre conférence de presse au cours de laquelle a été annoncée l’inclusion de certaines de ces émissions dans l’offre. Est-ce à dire que des efforts ont été consentis pour satisfaire cette frange du public ?
    A partir du moment où nous voulons conquérir un marché où les gens aiment le sport, il est normal que nous fassions tout pour satisfaire le public. Sachez que nous y travaillons tous les jours. Notre volonté est d’améliorer sensiblement notre offre de sport afin d’arriver au maximum. Une des preuves factuelles est l’annonce faite lors de notre dernière conférence de presse d’un enrichissement majeur de notre offre sport. En effet, en plus des 4 chaînes de sport et d’informations sportives que sont OM TV, OL TV, Girondins TV, Infosport, notre offre sport s’est considérablement enrichie avec les matches de la Ligue 1 et de la Ligue des champions, ce qui n’est pas rien ! Nous monterons encore en puissance dans les mois qui viennent.
  • Ne vous sentez-vous pas handicapés par le fait que vous prenez le train en marche puisque l’offre intervient au milieu de la saison, alors que les droits pour les compétitions ont été déjà vendus ?
    Les droits sont vendus sur plusieurs années et non pas forcément au début d’une saison. C’est en fonction du marché que nous décidons de postuler ou pas pour des droits. Pour l’instant, les échos qui nous parviennent de nos partenaires algériens nous confortent dans notre analyse. A partir de là, nous allons y aller step by step afin d’acquérir les droits dès qu’ils seront sur le marché. La preuve : on peut trouver le moyen de prendre des droits même s’ils ont été attribués à d’autres plates-formes. Vouloir acheter les droits en direction du Maghreb est tout à fait logique et légitime.
  • Avez-vous prévu un site Internet et une adresse e-mail à travers lesquels vous pourriez recueillir l’avis des abonnés algériens ?
    Tout cela est prévu. Nous avons déjà un site, LE BOUQUET CANAL+, où les gens peuvent poster leurs remarques et dont nous serons très à l’écoute. Ce n’est que la première étape et elle va être très développée via nos réseaux de partenaires distributeurs et via Internet. Il y aura une deuxième étape bien avant la fin de l’année, certainement durant l’été, qui consistera à augmenter notre relation avec les téléspectateurs sur les programmes et sur leurs demandes d’informations. Nous tiendrons compte de leurs réflexions. C’est très important dans la méthode de commercialisation que nous allons mettre en place.
  • Visiblement, vous prenez très au sérieux ce marché…
    Ah oui ! Je vous le confirme. Le président de Canal Overseas, Jean-Noël Tronc, et tout le staff qui l’accompagne dans cette aventure se sont déplacés à Alger et ont dit et répété que c’est un marché très important que nous prenons très au sérieux et que nous comptons développer à long terme.
  • Comptez-vous mettre sur pied des programmes spécifiques au pays du Maghreb ?
    Non, pas pour l’instant. Nous y allons de manière très humble. Si nous voyons qu’il y a une forte demande et qu’il y a des choses à faire, pourquoi pas ? Mais notre objectif pour le moment est de produire une offre en programmes la plus pertinente possible pour le marché algérien. Cela dit, les abonnés algériens de Canal+ auront quelques plus par rapport aux abonnés français. Par exemple, pour la Ligue des champions, les Algériens auront droit aux demi-finales et à la finale en direct. C’est dire qu’il y a des spécificités pour le marché algérien. A chaque fois que nous pourrons lui donner des plus, nous le ferons. Ce qui est certain, c’est que nous allons nous battre comme des chiens pour récupérer des droits qui nous paraissent fondamentaux pour le marché algérien.
  • A partir de quel volume de ventes pourriez-vous dire que le marché algérien est rentabilisé ?
    Pour l’instant, nous n’avons pas communiqué de chiffres parce que notre démarche est pragmatique. Nous nous disons que nous commençons une aventure, qu’il y a une attente confirmée par les réactions de nos partenaires distributeurs. Globalement, nous nous attendons à des centaines de milliers d’abonnés dans le Maghreb.
  • Aujourd’hui, vous refusez de communiquer des chiffres, quelle en est la raison ?
    C’est parce que nous ne sommes qu’au début de l’opération. C’est très important d’attendre l’été et la reprise du championnat pour évaluer l’opération.
  • Dans le cas où les ventes des cartes d’abonnement seraient importantes, y aurait-il possibilité de voir une baisse du prix des abonnements ?
    Pour l’instant, le prix est ce que les distributeurs ont fixé sur le marché. Notre souci est d’améliorer notre offre Premium en y intégrant le maximum de bons programmes.
  • Des pirates ne désespèrent pas de craquer le code de Canal+ et de décrypter le signal. Ont-ils une chance de violer le code?
    S’ils avaient une chance, nous n’aurions pas investi dans le marché algérien. Ce qu’il est important de souligner, c’est que notre partenariat se fait avec des Algériens. Donc, ce sont des entreprises algériennes qui prennent le risque avec nous parce qu’ils croient au développement d’une offre légale. Tenter donc de pirater Canal+ est une manière de se tirer une balle dans le pied par rapport à un modèle économique qui fait travailler des Algériens en ouvrant des boutiques de vente de cartes d’abonnement.
  • Ce que vous proposez est donc du gagnant-gagnant ?
    Absolument ! C’est du gagnant-gagnant. C’est un modèle économique gagnant pour les distributeurs algériens, qui vendent des cartes d’abonnements, et pour Canal+, qui fabrique des chaînes et acquiert des droits. Pour nous, l’offre est très simple, très sûre et pérenne.
  • Même si cette offre fait travailler des Algériens, il y a des hackers qui font tout pour violer le code par jeu ou par défi, juste pour montrer qu’ils sont plus forts que Canal+…
    Alors, qu’ils aillent jouer ailleurs. Qu’ils jouent au football, par exemple Qu’ils montent une équipe de football de hackers (rire). Sinon, pour violer le code, qu’ils n’y comptent pas.
  • Durant votre passage à Alger, avez-vous pu mesurer la ferveur des Algériens pour Canal+ ?
    Je parle avec beaucoup d’humilité car je ne connais pas suffisamment le marché algérien. Cependant, c’est comme lorsque nous rencontrons une personne : généralement, au bout de quelques minutes, nous savons si on va l’aimer ou pas. J’ai ressenti beaucoup de messages positifs et j’ai été très sensible à ces messages. La moindre des choses est qu’en retour, notre réaction soit très positive.
  • Hervé Mathoux a été notre invité à la cérémonie de remise du trophée du meilleur footballeur algérien et, au cours d’une virée à Alger, il a été agréablement surpris de sa grande popularité alors que Canal+ est censée être une chaîne non captée en Algérie. Etes-vous, vous, surpris par l’aura de Canal+ ?
    Lui a été surpris parce que, d’un seul coup, sa popularité lui a sauté aux yeux. Tant mieux ! Cela nous rassure sur la popularité de Canal+. Cela dit, nous allons tout faire pour faire en sorte que, de temps en temps, des vedettes des antennes de Canal+ aillent en Algérie car il est important de créer une proximité entre elles et les gens qui les regardent. Ce sera peut-être à travers des opérations avec les journaux, mais nous allons le faire.
  • Soyons francs : le piratage a eu quand même du bon puisqu’il a permis aux gens de ne pas oublier Canal+…
    Disons qu’il a contribué à faire de la publicité pour notre offre légale et payante de maintenant (rire). Je plaisante, bien sûr. Toute fraude est à bannir. A Canal+, nous pensons qu’il est temps de mettre sur le marché une offre légale Premium de qualité et de développer un modèle économique qui serait du gagnant-gagnant pour l’Algérie et Canal+.
  • Promettez-vous aux abonnés algériens de faire votre possible afin d’intégrer les grands championnats étrangers dans votre offre ?
    La réponse est : oui. Maintenant, c’est une question de droits à acquérir, mais nous ferons de notre mieux.
    Entretien réalisé à Paris par
    Farid Aït Saâda
La Ligue 1 et la Ligue des champions accessibles
Canal+ a intégré récemment, dans son offre pour l’Algérie, la Ligue 1 (championnat de France de première division) et, surtout, la Ligue des champions. Ainsi, chaque dimanche (comme aujourd’hui), les abonnés algériens pourront suivre les résumés des matches de la journée du samedi et de l’après-midi du dimanche dans l’émission «Canal Football Club» (18h40 heure algérienne), suivi du match du dimanche (en général l’affiche de la journée). Lors des journées de Ligue des champions (comme ce mardi et ce mercredi), de longs résumés et un match complet sont proposés en soirée, en présence de consultants prestigieux (Gérard Houllier, Bixente Lizarazu, Marcel Dessailly, Didier Deschamps, Zinédine Zidane…), agrémentés de réactions en direct.
La finale de la Ligue des champions, un + pour les Algériens
Bruno Thibaudeau a évoqué, dans l’interview qu’il nous a accordé, des plus dont bénéficient les abonnés algériens et que n’ont pas les abonnés français. Il s’agit, en fait, d’événements sportifs dont Canal+ détient les droits, mais pas en exclusivité en ce qui est de la France, ce qui fait que d’autres chaînes sont prioritaires pour leur diffusion en direct. Le meilleur exemple est la finale de la Ligue des champions. Comme c’est TF1 qui a le droit de retransmettre la finale en direct sur la France, Canal+ ne la diffuse qu’en différé dans ce pays, mais il a le droit de la diffuser en direct pour ses abonnés en dehors de la France. Ainsi, les Algériens pourront suivre la finale de la Ligue des champions, qui se déroulera le 8 mai à Rome, en direct sur Canal+, dans une soirée durant laquelle les abonnés auront droit à tous les à-côtés et les réactions.
 
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