Le CSA prépare la TNT horizon 2024.
Six ans, ça va vite et le CSA prend conscience des enjeux des Jeux Olympiques 2024 à Paris, pour anticiper une réforme profonde de l’offre TNT avant cette échéance mondiale !
C’est pourquoi un rapport dont l’intégralité est disponible à cette adresse
http://fr.calameo.com/read/0045398758c3131af8321
permet d’entrevoir les contours d’une nouvelle offre TNT mais également des écueils rencontrés. Alors que retenir de ce dossier:
– l’UHD (dite UHD1) et son évolution 8K (dite UHD2) ne sont pas considérées à ce stade déterminantes par les intervenants au dossier (dont les principaux groupes audiovisuels), l’UHD étant considérée « pas suffisamment mature », mais surtout inadaptée aux formats d’écrans grands publics qui ne permettent finalement pas d’apporter une évolution tangible de la qualité d’image proposée au téléspectateur. Le rapport précise que seuls de grands écrans permettent d’apprécier la différence entre un écran full HD et sa version UHD, et que la distance séparant le spectateur de l’écran doit aussi être prise en considération. Cependant le CSA doit paradoxalement décider à la fin 2018 les paramètres de l’UHD1 – phase 2 applicables à la TNT !
– Les standards HDR sont considérés complexes, sachant qu’il en existe plusieurs versions, un peu à l’exemple du lancement des vidéo cassettes au début des années 80, entre VHS, VCR et Betamax. Dans le cas présent le standard HDR n’est pas considéré fiable, et il en va de même pour le standard HFR plus adapté au sport.
– Le son pour une fois n’est pas mis de côté, puisque le rapport préconise le recours à de nouveaux standards de sons dits « Hi Res », encodés sur 24bits, procurant une qualité de son similaire à celle de studios d’enregistrements. La « Next Generation Audio » adossée à l’UHD permettrait donc une spatialisation du son bien plus immersive favorisant la diffusion en 5.1 mais aussi en 7.1
– L’ensemble image et son devenant gourmand en débit, le CSA mise sur une évolution des codecs audios nécessitant moins de débit à qualité supérieure.
– Statistiquement seul 5% des foyers français étaient équipés en UHD fin 2016, sachant que plus de 1,6 million de TV UHD auraient également été commercialisées en 2017 ! Les contenus UHD disponibles s’accroissent, ainsi en SVOD, ce sont plus de
200 contenus accessibles sous ce format alors disponibles en février 2017 (cinéma, séries, documentaires et sports).
Plus important, on découvre qu’il pourrait y avoir une solution intermédiaire dédiée à l’optimisation de l’image sans nécessairement recourir à l’UHD. On en revient ici à l’usage de la HDR et de la HFR (essentiellement pour les retransmissions sportives), mais également de la fonctionnalité WCG ne nécessitant que 5 à 20% de débits supplémentaires. Surtout le gain qualitatif est indépendant de la taille d’écran et de la distance du spectateur et il s’agit là d’un paramètre essentiel.
La gestion des mutliplex pourrait également se mutualiser au prorata des débits nécessaires par chaîne, ce qui serait une petite révolution. Ainsi lors de la diffusion d’un film en 4K, le débit d’une autre chaîne (d’infos par exemple) pourrait alors être restreint. C’est déjà le cas avec les débits réduits de France Ô depuis l’arrivée de France Info.
L’ensemble des chaînes souhaite s’investir durablement dans le déploiement de services interactifs au format HbbTV. A ce jour seules 9 chaînes l’utilisent, la palme revenant à Arte dont les services sont particulièrement développés. M6, C8, NRJ12 ou LCP exploitent également le HbbTV. Mais une autre possibilité se profile dite de « push » testée l’année passée permettant de transmettre du contenu sur le terminal de stockage du téléspectateur par le biais de la TNT. Le contenu pourrait ensuite être regardé en mode non linéaire. Les différents acteurs sont cependant très partagés sur le push y préférant une solution de stockage en cloud.
Autre services interactifs prévus, une offre SVOD enrichie, un contrôle du direct, le service « start over » font partie des options retenues. L’individualisation du rapport au consommateur permettrait également d’exploiter de nouvelles sources de revenus et notamment de la publicité segmentée, ciblée et donc thématisée selon les usages du téléspectateur ciblé.
Quelles certitudes à ce stade ? La norme DVB-T2 / HEVC sera celle retenue pour l’évolution prochaine de la TNT. A qualité égale aux diffusions présentes, on sait désormais que la capacité d’un multiplex serait multiplié par 2.7. Pour simplifier un multiplex de 6 chaînes pourrait donc en transporter 16 par la simple évolution de norme, et maintien du full HD. Mais comme le rapport préconise l’utilisation de l’UHD, on comprend dès lors que le gain en chaînes sera moindre.
Ce que l’on sait également, c’est qu’il sera impossible à toutes les chaînes de basculer en même temps en UHD. 2 possibilités sont à l’étude:
– 14 chaînes en UHD1 – phase 2 et 18 chaînes en HD1080p/50 + HDR/WCG
– ou 17 chaînes en UHD1 – phase 2 et 15 chaînes en HD1080p/25 + HDR/WCG
A ce stade, il faut comprendre que le calcul intègre les 26 chaînes gratuites + une chaîne locale et Canal+, mais comprend aussi les TNT payantes à savoir Paris Première, Canal+ Cinéma, Canal+ Sport, Planète. Hors nul ne connait l’avenir des chaînes payantes sur la TNT à ce stade et leur retrait ne révolutionnerait en rien l’offre présente, si ce n’est qu’elle offrirait assurément plus de place sur le multiplex concerné. Surtout ce que l’on peut deviner entre les lignes, c’est qu’avant même l’apparition de nouvelles chaînes, imprévues à ce stade, l’ensemble du bouquet devrait bénéficier des optimisations techniques proposées.
A noter, le calendrier de bascule devrait survenir ainsi :
– Validation du format retenu, le DVB-T2 / HEVC validé par le CSA fin 2018.
– Transition régionale étalée entre 2023 et achevée avant les JO 2024 à l’ensemble du territoire national, hexagonal du moins et Corse.
Enfin une petite surprise n’est pas à exclure, puisque le CSA envisage la mise en place d’un réseau multi villes, porté à 60% de la population bénéficiant de la mise en place d’un nouveau multiplex. Nouveau ? Pas si sur, puisqu’en fait les chaînes actuellement disponibles sur 6 multiplex seraient regroupées en 5 et le 6e multiplex serait alors disponible pour une diffusion UHD de 3 chaînes + quelques chaînes HD et des services interactifs. La question se pose sur la nature de l’offre ! Payante ou gratuite ? On pensait pourtant que le CSA aurait retenu les leçons de l’échec patent de l’offre TNT payante initiale, mais bon, il ne s’agit à ce stade que d’une hypothèse de travail. Mais là et c’est surprenant, tout semble vouloir aller très vite, avec par ordre :
– un appel à candidatures dès cette année
– la mise en place en place de ce mutliplex multivilles et sa bascule dès 2019.
Un dossier détaillé et argumenté que je vous invite donc à découvrir dans le détail et qui met en évidence la rapide évolution de l’offre TNT française.
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