Molotov étend son accord avec Samsung.
Le service de télévision par Internet lancé en juillet 2016 a atteint, en mars, le cap symbolique des 5 millions d'utilisateurs.
Molotov a franchi un cap symbolique en mars : celui des 5 millions d'utilisateurs. Mais la route est encore longue vers la rentabilité. L'application de télévision par Internet, créée en juillet 2016, qui permet de regarder jusqu'à 80 chaînes gratuites ou payantes et propose divers services (heures d'enregistrement dans le cloud, replay...), a réussi son lancement . Mais, comme au rugby, elle doit désormais transformer l'essai.
« On va continuer à investir massivement », promet Jean-David Blanc, l'un de ses cofondateurs. Considérée comme une application innovante, Molotov veut garder cette longueur d'avance sur d'autres services de télévision. « Quand vous avez une plate-forme logicielle, vous pouvez innover en permanence, une application se met à jour tous les quinze jours ! Ce n'est pas le cas des
box [des opérateurs télécoms, NDLR] », souligne ce dernier.
Dernière initiative en date : Molotov étend son partenariat avec Samsung, qui accueille déjà l'application sur ses téléviseurs. A partir du 9 avril, sur ceux-ci, Molotov va passer d'une réception IP (via Internet) des chaînes de télévision, à une réception hertzienne (télévision numérique terrestre). « Nos utilisateurs vont ainsi bénéficier d'une très bonne qualité d'image avec la TNT, quel que soit leur débit Internet. Pour ceux chez qui il ne serait pas suffisant, il n'y aura plus aucun problème pour à la fois naviguer dans une application OTT et recevoir la télévision dans de bonnes conditions », explique Jean-David Blanc.
Au passage, la TNT va permettre à Molotov de compter automatiquement NRJ12 et Chérie 25 parmi son offre de chaînes de télévision, alors qu'il n'a pas signé d'accord de distribution avec elles... Voilà de quoi convaincre de nouveaux utilisateurs. « L'enjeu, c'est aussi le déplacement de la porte d'entrée de la télévision, des box des opérateurs télécoms vers une plate-forme disponible sur téléviseur, poursuit Jean-David Blanc. En clair : on est dans l'ère de la 'box logicielle'. »
Même si, officiellement, Molotov « n'est pas du tout en guerre contre les box », affirme haut et fort Jean-Marc Denoual, autre cofondateur de l'application. A l'heure où l'on assiste à des coupures intempestives de chaînes de télévision sur les box , Molotov en profite pour rappeler qu'il peut être une alternative.
Extension en Europe
L'avenir pour Molotov, ce n'est cependant pas d'être franco-français. Le service compte s'étendre en Europe et va ouvrir dans un nouveau pays d'ici la fin de l'année.
Le financement des développements va nécessiter un apport d'argent frais. Après les près de 35 millions d'euros apportés au lancement, les dirigeants de Molotov - dans lequel TDF ou encore Sky, du groupe Murdoch, ont investi - travaillent à une nouvelle levée de fonds de « plusieurs dizaines de millions d'euros ».
Molotov vise la rentabilité « d'ici deux-trois ans », avec « 400.000 abonnés », précise Jean-David Blanc. Pour l'heure, ses revenus, provenant de certains services payants et de la commission touchée sur les abonnements souscrits aux chaînes payantes via la plate-forme, ne suffisent pas à compenser le coût des services gratuits.
« Hulu à la française »
Le parcours reste aussi semé d'embûches. Récemment, M6 a réclamé à Molotov que ses utilisateurs payent pour visionner la chaîne pourtant gratuite, comme l'indiquait « Le Figaro », ce que refuse l'application. « Cela nous semble en contradiction avec le principe d'une convention de chaîne gratuite délivrée par le CSA », selon Jean-David Blanc. Si aucun accord n'est trouvé fin mars, la Six pourrait se retirer de Molotov...
L'annonce récente de discussions entre TF1, M6 et France Télévisions en vue du lancement d' un « Hulu à la française » n'est pas non plus une bonne nouvelle pour Molotov, dont il serait un concurrent direct. « Cela coûte une fortune de développer ce type de service, explique Jean-Marc Denoual. Et il ne suffit pas de réunir toutes les chaînes dans une application pour faire une plate-forme. » « Dans les pays où des chaînes de télévision ont voulu s'unir pour faire une plate-forme, cela n'a pas fonctionné », renchérit Jean-David Blanc. Comprendre : mieux vaut utiliser Molotov comme plate-forme de rassemblement....
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